mercredi 25 novembre 2009

Une nuit, un train (2)

Suite de la première partie.

A l'heure dite, je frappe, elle m'ouvre.
- Entrez, je vous en prie.
J'aime le formalisme désuet de ses manières. Elle a fait tomber sa veste. C'est bien de la soie qu'elle porte en dessous, mais tellement fine qu'elle ne cache rien ou pas grand-chose de son soutien gorge qui maintient de seins généreux.
- Au fait. Je m'appelle Lucie.
- Feuille.
- C'est un drôle de nom.
- Il me correspond bien, quand on me connaît.
- Eh bien Feuille, je vous laisse ouvrir la bouteille ?
- C'est parti. Vous avez les flûtes ?
Je débouche, je verse.
- On trinque à quoi ?
- Aux rencontres de voyages et à Georges Nagelmakers.
- Qui est-ce ?
- L'inventeur des wagons-lits.
- Ah. Mais je vous en prie, asseyez-vous. Il n'y a pas beaucoup de place, tenez, prenez ce bout de banquette.
- Merci, mais et vous-mêmes ?
- Eh bien je m' assiérai sur le lit.
- A votre aise. Vous prenez souvent ce train ? Je ne vous ai jamais vue.
- Tous les six mois, je vais faire une thalasso. Ça me sort de Paris, de mon mari et de mon quotidien de petite fille riche.
- C'est vous qui êtes riche, ou votre mari ?
- Mes parents. Et lui l'est devenu par notre mariage et par son travail.
- Et que fait-il, si ce n'est pas trop indiscret ?
- Ça l'est. Disons qu'il est dans les affaires, et que ça lui laisse assez peu de temps pour s'occuper de moi ou penser à me faire des enfants.
- Mmm. La pauvre petite fille riche négligée par un mari absent.
- Ne riez pas, c'est pas drôle. Et c'est pas gentil. (moue boudeuse)
- Excusez-moi.
- Non, ce n'est pas grave. On reprend un verre ? Quand c'est éventé ce n'est plus bon.



On a bu, on a parlé. Au fur et à mesure, je la voyais qui se décoinçait, qui perdait de sa rigueur de jeune femme bien élevée. Il faisait assez chaud dans la cabine. A un moment, elle s'étira. Je me levais, presque à regret, anticipant sur les différentes possibilités qui allaient se présenter : partir tout de suite, rester encore quelques instants à boire et à tenir des conversations semi-mondaines, ou se retrouver dans un plan sexe inattendu.
- Vous avez l'air fatiguée, je vais vous laisser vous reposer. Merci pour le champa...
- Mmmm vous n'allez pas partir maintenant ? On commence tout juste à faire connaissance...

(à suivre)
La photo est de dieVerlorene, avec remerciements.

7 commentaires:

  1. Apparemment la jeune femme bien élevée ne va pas laisser son invité partir aussi vite :)

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  2. Tout démarre avec une délicieuse lenteur... On a tout le temps de se pénétrer de l'atmosphère et des personnages... D'entrer en attente... A bientôt pour la suite... Amicalement...

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  3. Angelsouris : j'aime beaucoup les jeunes femmes bien élevées...

    François-Fabien : de temps en temps, il est bon de ne pas brusquer les choses. Mais vous êtes un maître en la matière, d'après ce que je peux lire chez vous.

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  7. Délicieuse introduction.
    Un tempo qui donne l'air de ne pas y toucher ... mais ... non non je n'imagine rien ! Je viendrais lire la suite.

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