mercredi 19 août 2009

Causse toujours

Je reprends le fil laissé en plan lundi soir.

Nous étions donc dans notre petit paradis, Eloïse et moi, à nous reposer de notre vie trop active. Un jour de forte chaleur, on était dans notre bassin, à poil comme d'habitude. Je lisais, assis dans l'eau peu profonde. Eloïse prenait le soleil et de sa main droite me branlottait gentiment, plus pour jouer que réellement pour me faire prendre du plaisir. Le soleil tapait fort, nous faisions concurrence aux lézards lorsqu'un bruit inhabituel nous tira de notre torpeur. Un bruit différent des bruissements du vent dans les quelques arbres, différent du clapotis de l'eau dans la fontaine et le bassin, un bruit comme un bruit de voix rythmé par des petits claquements secs.
Nous en étions encore à nous demande ce que ça pouvait être quand deux têtes sont apparues derrière le muret de pierre sèches qui borde la parcelle.

"Bonyour"
"Bonjour"
"Esscousez-moi, vous savez si le schemin pour X passe ici ? Nous sommes oune peu perdous."

Espagnol, accent catalan, me dis-je.
Notre cabane longe une ancienne variante du camino françès, ce chemin de Saint-Jacques qu'empruntaient autrefois ceux qui se rendaient à Compostelle en pélerinage. Plus personne ne passe ici maintenant, le chemin n'existe plus ou presque tant il a été mangé par les ronces et les chardons. Et pourtant, aujourd'hui il y a deux personnes sur le chemin ou ce qu'il en reste. Mais ils n'ont pas l'air de pélerins, ils ne portent pas le symbole de la coquille, pourtant caractéristique. Des randonneurs, à coup sûr. Le chemin de Saint-Jacques est à la mode. Un gars, une fille. Dans les vingt, vingt-deux ans. Du genre à partir en randonnée avec une carte mais sans boussole.

"Oui, il passait par ici, mais il y a longtemps qu'il n'existe plus."
"Ah, nous sommes vraiment perdous alors."
"Je crois, oui. Il y a longtemps que vous marchez ?"
"Dépouis six hores cé matin."
"Eh bien posez-vous un peu, vous avez l'air cuits."
Regards de l'un vers l'autre.
"On né voudrais pas vous déranzer..."
Eloïse : "Je vous en prie, vous ne dérangez pas, ça fait une semaine qu'on n'a vu personne. Venez vous baigner, elle est bonne."
Nouvel échange de coups d'oeil. De là où ils sont, ils voient nos têtes et nos épaules mais ne peuvent pas voir qu'on est à poil.
"Oui, mais c'est à dire que... nous n'avons pas les maillots dé bain."
Eloïse se lève : "Ben c'est pas grave, nous non plus !" Tête de nos deux promeneurs devant cette jolie fille nue qui sort de l'eau et marche dans leur direction ! Eloïse arrive au muret, ruisselante, et leur indique le passage pour entrer sur la parcelle. Ils ont du avoir vraiment chaud, ils la suivent gentiment, docilement. Une fois les gros sacs à dos posés dans la cabane (comment peut-on emmener tant de bazar avec soi quand on marche ?), Eloïse les amène tous les deux au bord du bassin, dont je ne suis pas sorti.
"Vous voyez, comme on est toujours tout seuls, on se baigne tout nus. D'ailleurs, on est preques toujours tout nus ici, il n'y a personne pour nous déranger. Mettez-vous à votre aise et venez vous raffraîchir, vous en avez besoin. Vous repartirez demain, de toute façon le soir approche." Le garçon (nous apprendrons qu'il s'appelle Javier, la fille c'est Jennifer, ce qui ne fait pas typiquement espagnol, j'en conviens, mais la mode est ce qu'elle est), le garçon, donc, se déshabille assez rapidement, enlève son T-shirt, son pantacourt, ses grosses godasses et ses grosses chaussettes, a un dernier moment d'hésitation avant de faire tomber son slip, et entre tout nu dans l'eau tiède en faisant des petits Oh et Aaah. Il n'est pas très grand, mais plutôt bien gaulé, de jolis muscles assez long sur les membres et des pectoraux à peine développés. blond, les cheveux bouclés. Jennifer semble moins décidée, plus timide, mais nous l'encourageons tous les trois. Elle dit alors "Bon, je viens, mais pas toute nue."
Elle entre dans l'eau en culotte et soutien-gorge, la trouve à son goût et s'y allonge. Personne ne lui dit que si c'est pour porter une culotte et un soutien-gorge blancs mouillés, autant être nue. Mais je sais qu'Eloïse n'en pense pas moins. Jennifer fait à peu près la même taille que Javier, mais elle est brune, un peu boulotte, des fesses rondes, des hanches rondes, des gros seins ronds et lourds. J'ai vu le regard d'Eloïse les détailler, je sais qu'elle trouve Javier à son gôut mais Jennifer un peu moins. Elles les préfère comme elle-même, élancées et fines. Pour ma part, je lui ferais bien pousser des cris au clair de lune, à la petite espagnole.
On discute un peu, de leur lieu de départ (Barcelone, en effet), de leur périple (Le Puy en Velay jusqu'à Roncevaux, par cet itinéraire abandonné - ce qu'ils ignoraient), de tout et de rien.
Eloïse se propose d'aller chercher à boire, une bonne citronnade fraîche, je lui dis que je l'accompagne pour l'aider à presser les citrons.
Et surtout pour lui toucher deux mots :
"Comment tu les trouves ?"
"Sympas, pas mal. Surtout lui, il me plaît bien. Elle un peu moins, mais pourquoi pas ? Je me doute qu'elle t'excite un peu, non ?"
"Tu en connais beaucoup qui ne m'excitent pas ?"
"Obsédé !"
"C'est pour ça que tu m'aimes..."
"Oui" et elle m'embrasse.
Il nous a bien fallu dix minutes pour préparer le jus de citron. Quand nous revenons, les deux visiteurs impromptus sont en train de s'embrasser dans l'eau du bassin. Javier a une main dans le soutif de Jennifer et lui pelote un sein. Je devrais dire "lui pétrit" un sein, tant on dirait une miche de pain blanc pas encore cuit. Elle a sa main entre les jambes de son copain et lui caresse la bite. Quand ils nous entendent arriver, il s'écartent vite l'un de l'autre, comme deux ados surpris en train de jouer à touche-pipi par leur parents. C'est amusant, nous ne sommes pourtant pas beaucoup plus âgés qu'eux, mais dix ans à cet âge-là, ça compte encore.
"Ne vous gênez pas pour nous." leurs dis-je en riant et en entrant dans l'eau, et j'attire Eloïse contre moi pour l'embrasser. Elle est couchée sur moi, je lui tiens une fesse dans chaque main.

Nous rions, même la demoiselle. La glace commence à fondre.

(A suivre)

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