dimanche 2 août 2009

.Les Eaux De Salmacis.

Mon ami Feuille, mon ami la Rose, est en vacances.

Il est parti aérer ses pétales au grand air, loin de l'Agence et loin de son écran.

Il m'a dit, il y a quelques jours : "Pendant que je te tiens, tu veux pas garder mon blog ? Juste quinze jours. Arroser les fleurs de cyprine, redresser les tiges un peu molles, élaguer les buissons trop touffus. Tu vois ce que je veux dire ?
J'ai dit oui. En me disant que, sûrement, puisqu'il le fait trois fois par semaine, ça ne doit pas être si dur de parler de cul.

Ça l'est.

J'ai réalisé en barrant pour la 6e fois une phrase dans mon moleskine que je ne parviendrais jamais à vous raconter cette fois où mon amant et moi... inutile d'insister, je n'y arriverais pas.

En fureur, impuissante, devant ce cuisant échec littéraire, j'ai mis la reprise de Where is my mind par Placebo en boucle et je suis allée prendre une douche. L'eau chaude me glissait sur le corps, et j'ai posé les mains sur mes fesses en me laissant bercer par la voix androgyne de Brian Molko.
Androgyne...
Et pourquoi pas ?

Et dans la vapeur et les nappes de guitare qui me filaient de tournis, j'ai rêvé à ce que je serais, à ce qui se passerait si pour 15 jours, pour 15 jours seulement j'étais un homme. Des cheveux longs et pas de sexe. Je dis tout le temps ça. Alors si pour une fois... Juste quelques jours. Si j'étais un homme, je pourrais dire "Je bande.", et ce serait si simple.
Si simple et si seulement...

J'ai posé une paume sur chaque sein, et j'ai poussé doucement en les suppliant "Rentrez ! Rentrez mes jolis..." et j'ai senti ma poitrine qui se contractait. Mon giron accueillant où les hommes aiment tant poser la tête disparaissait, et je n'eus bientôt plus pour compagnie sous mes doigts que deux petits tétons durs et sombres sur un torse aux renflements musculeux.
J'ai baissé les mains sur mes hanches dont les courbes un peu molles ont fondu sous ma pression, j'ai gémis quand ma taille s'est contractée brutalement et a durci, perdant une bonne partie de sa cambrure ; et quand, sans préavis, mon ventre rond et doux s'est transformé en un ferme assemblage de muscles minces et bien rangés, j'ai presque crié de surprise. J'ai eu peur mais c'était toujours moi dans ce corps qui se malmenait de lui-même.
J'ai tâtonné partout, senti des fossettes sur mes fesses qui n'avaient plus exactement le même rebond. Et mes cuisses devenues noueuses... Je me suis laissée aller dans la baignoire. Accroupie et sans force, la tête sous le jet, les mains dans mes cheveux... Mes cheveux... je les sentais plus courts,plus épais, plus bouclés...

Mon corps mutait, par la simple expression d'un souhait... Je devais être en train de rêver.

Je suis restée quelques minutes dans cette position, fœtale et soumise, pendant qu'entre mes jambes quelque chose de vraiment désagréable arrivait.

Et puis je me suis dit qu'il le fallait après tout. Je devais ouvrir les yeux. Faire face au miroir et constater l'étendue des dégâts.
J'ai fermé l'arrivée d'eau et enjambé la baignoire, sans pouvoir m'empêcher de constater le nouveau galbe musclé de mes mollets. Poilus... Et dire que je venais de m'épiler.

J'avais perdu mon visage, adieu menton fuyant, profil de lévrier, et même mes iris bleu clair s'étaient fait la malle pour une teinte plus profonde tirant sur le vert. J'étais même plutôt pas mal. Je me rappelais quelqu'un. Cette bouche rouge et sombre à la Mick Jagger surtout, et ce sourire de côté. Je suppose que même dans les miracles il n'y a pas de hasard.
Mais mon visage n'était qu'un détail. J'ai baissé les yeux sur mes nouveaux attributs.
Je n'avais jamais rougi en regardant mon propre corps. Mais je n'avais encore jamais eu de bite non plus.

J'ai remué les hanches, j'étais beau et ridicule. J'ai esquissé quelques pas, la démarche vacillante. C'était bizarre cette nouvelle force, et ce nouveau centre de gravité.

Mais peu importait les détails, mes quelques pas n'avaient pas esquinté mes nouveaux organes et j'étais vraiment, vraiment curieuse.

Alors j'ai voulu savoir comment tout cela fonctionnait, j'ai glissé un doigt humide contre mon aine, timide, caressé mes bourses, et je les ai empoignées doucement, j'avais presque peur de me faire mal. Ou qu'elles tombent. Mais ce n'était pas désagréable. Enhardie par cette première approche j'ai effleuré mon gland et je suis remontée tout le long.
J'ai laissé reposer le tout dans ma paume dubitative. Sans savoir quoi trop en faire. Pourtant d'habitude, je sais...
Et puis ça m'a excité tout ça, j'ai pensé à tout ce que j'allais pouvoir faire, et j'ai senti mon sexe se déplier dans ma main, ce n'était pas nouveau comme sensation, ce qui était inédit c'était de sentir mon sexe lui-même se gonfler. Je l'ai serré un peu, priant pour qu'il ne se dégonfle pas. Et j'ai compris à la vague de chaleur qui me parcourait le bas ventre que ça ne se passerait pas comme ça.

Assise sur le rebord de la baignoire, les jambes écartées, je me suis branlée pour la première fois de ma vie. Les yeux mi-clos et la bouche entrouverte, mes boucles brunes dégoulinant dans mon cou musclé. Plus vite, moins vite, en serrant un peu plus, en mettant mon pouce là oh... oui, en mettant mon pouce là. Un gémissement rauque fut le premier son que mes cordes vocales mâles émirent, faisant vibrer ma pomme d'Adam. Et je cru défaillir en sentant mon sperme tiède couler sur mon nombril.

J'ai laissé l'étrange étourdissement s'estomper sans lâcher mon sexe. Comme s'il allait disparaître. Et, prise d'une étrange honte, j'ai rincé prestement mon sperme à grands coups de gant de toilette.

J'ai jeté un dernier regard dans le miroir en m'essuyant. J'avais la peau mate et pâle et les pommettes un peu rouges de toutes ces émotions. J'ai mordu mes lèvres et souri avant d'enrouler crânement ma serviette autour de mes nouvelles hanches et d'aller dans ma chambre.

J'ai sorti de sous le lit la boîte à ex, comme je l'appelle, j'en ai tiré un jean Cerruti bien coupé, vestige d'un marin aux cuisses de statue grecque venu se reposer quelques jours dans mon antre. Un boxeur CK blanc, relique d'un colocataire allemand un peu alcoolique qui confondait souvent mon lit avec sa couche. Une chemisette noire un peu cintrée avec une ligne rouge aux épaules, trophée de guerre arraché avec les dents à un manager aux épaules savoureuses qui ne respectait pas à la lettre l'alinéa 3 du code de bonne conduite : 'Avec les employés, tu ne forniquera pas.' j'ai enfilé le tout, et mes converses, à peine trop petites.

Et je suis restée là, plantée devant le miroir à me regarder dans ce corps tout neuf et m'émerveillant de la facilité déconcertante avec lequel j'arrivais à le bouger.

Brian Molko geignait toujours : Where is my mind... Il était là, mon esprit, intact, inchangé, dans une nouvelle enveloppe et se perdant en conjonctures sur l'usage qu'il allait en faire. J'ai éteint la chaîne hifi.

Je suis sortie de la maison goûtant à la fois le soleil sur ma peau et cette étrange satisfaction d 'avoir enfin des couilles.

Voilà, maintenant, je suis prête, ou devrais-je dire "prêt" à tout vous raconter.

Cohendy.





Corps et visage empruntés pour l'occasion à SEnigmaticX

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